Préface de Marie-Pierre FARKAS

Avril 1998

Il parle aux nuages, entend le souffle des rêves dans le vent.

Gérard Boudin marche la tête haute. Il est de la race des conquistadors, de ceux qui vous transforment un bulletin Assedic en poème, un ticket restaurant en bristol pour des bacchanales.

Sa galerie, c’est sa victoire à lui sur le destin ; un Bauhaus rouennais, le comptoir des artistes, l’atelier des amis.

Gérard Boudin ne baisse jamais les yeux. Il avance, se cogne, repart, change de route, mais ne s’arrête pas sur le bord des chemins. Il va là où son cœur et sa passion le portent.

Sa force est de source divine. Il la puisse dans le ballet changeant des ciels d’un monde imaginaire. Dans sa Normandie au plafond lourd et bas, il voit des farandoles de stratus atlantiques, des valses de cumulus bretons, des danses de cirrhus indiens.

Le ciel est sa mission. Assis au bout du quai, il sent comme tous les marins, la douce brise des alizés, le chant rauque de la Tramontane ou le cri strident du Mistral. Puis il rentre chez lui, et au gré d’une symphonie capture d’un trait de pinceau les couleurs de cet univers irréel, lui redonne vie et mouvement. Sous sa baguette, les éléments se font dociles, les tempêtes deviennent harmonie. Et quand l’empire céleste à remplit toute la toile, il s’endort avec la sensation d’avoir fait son devoir de poète : laisser un fragment de rêve à ceux qui n’ont jamais su regarder plus loin que le bout de leurs souliers.

Mari-Pierre FARKAS
Grand Reporter sur France 2